mercredi, mars 01, 2006

Ô temps, suspends ton vol !


Ô temps, suspends ton vol !
Cet appel de Lamartine en réfère à tout ce que le temps nous vole, comme la chanson de Gildas Arzel ‘Le temps me vole’ (disponible chez tous les bons horlogers).
Aucun syndicat, aucun parti politique n’a osé s’insurger contre le fait que le temps ne nous accorde que 24 heures par journée civile.
Force nous est donc de composer avec ces deux douzaines de tours de cadran, sans accabler le grand voleur entêté à nous chronométrer jusqu’à la venue de la grande faucheuse.

Il existe pourtant un moyen simple pour ne point se laisser dépouiller de ses précieux battements de trotteuse. Ce qu’on ne pourra vous voler, c’est ce que vous voudrez bien offrir à celui ou à celle qui compte pour vous.
Ainsi il devient clair qu’offrir de son temps, c’est partager de son nécessaire et, partant, un peu de soi-même. Tout comme pour le Petit Prince, on pourra dire que c’est le temps accordé à votre rose qui la rend précieuse à vos yeux. Si les mots peuvent tromper (au point que dire « Je n’ai pas eu le temps » équivaut parfois à dire « Cela m’importait peu ») , les moments offerts dans la durée sont des témoins de l’attachement que nous portons à qui nous les dédions. Un sentiment ne s’évalue t–il pas à l’é-preuve du temps ?

lundi, février 27, 2006

La ballade des étiquettes

« Tu n’as pas de titre ni de grade Mais tu dis « Tu » quand tu parles à Dieu » Ces célèbres paroles sont d’une vérité et d’une profondeur insoupçonnées. Qui ne s’est jamais senti réduit à son titre ou à son grade ou à toute autre étiquette réductrice ? Bien souvent, dans le quotidien, nous n’existons plus qu’en tant que… collègue de, fils de, frère de, prof de, secrétaire de, membre de, diplômé de, voire prisonnier de, coupable de, suspecté de… Un étiquetage de surface et de circonstance qui fige la personne dans ses attributions ou dans ses attributs, dans sa qualité ou son défaut majeur, bien souvent dans ce qu’il n’a pas choisi, mais qui en tout cas n’est pas son moi profond. Si l’on n’y prend garde, ces étiquettes nous condamnent à des relations superficielles et ressemblent à nos cages de HLM, chacun y étant systématiquement casé et numéroté, puis trop souvent doté d’un surnom réducteur : l’arabe, le fou, le sourd, l’homo, le zarbi... Rares sont les étiquettes glorieuses ! Et si l’on si essayait d'inverser la vapeur ? Tordre la barre dans l’autre sens afin de parvenir à voir l’autre en lui-même et non plus selon une apparence, un travers ou un épisode de son passé ? Ainsi s’instaurerait un dialogue des « tu », de « moi » à « toi ». Cela signifie bien sûr accueillir le meilleur de l’autre, même si l’on sait que chacun est ombre et lumière, moi autant que lui. Donc voir, entendre et accueillir en lui-même autrui afin de pourvoir l’aimer pour ce qu’il est au delà du vernis, flatteur ou discriminatoire, des étiquettes. Le modèle de cette relation, je le lis dans la réponse de Montaigne au sujet de ce qu’était le ciment de son amitié avec Etienne de la Boétie : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Formule transposable dans le domaine de tous les sentiments, bien entendu. Et valsent les étiquettes…