jeudi, octobre 26, 2006

2mn35 de bonheur

Titre d’un succès de Sylvie Vartan dans les années 60’, ce bonheur temporisé et chronométré sur une mesure sempiternelle mérite-t-il cette appellation ?
Ecouter et ré-couter ce 45t est certes agréable, du moins les première fois, mais le plaisir de l’écoute va ensuite en descrescendo. A l’époque, la technique limitait à ce timing la durée d’une plage.

Transposons ces paroles sur une autre chansons : Plaisir d’amour. Imaginez que ce plaisir ne dure que 2mn35. Vous écririez-vous ‘Ah quel bonheur’ ? A chaque passage du ‘disque’ le bonheur est-il le même ? Est-ce bien du bonheur tout simplement ? Nous sommes, semble t-il, loin de la félicité des ‘bienheureux’ promis au bonheur éternel.

Le bonheur est-il tout simplement de ce monde temporel, voire temporisé ?
Ces 2m35 en sont-ils un échantillon ? Ou n’est ce qu’un superbe coup de pub ?
Remets ce disque, écoutons-le, suggère un autre succès. Avec l’ère du numérique, le disque devient inusable. En serait-il de même du plaisir de nos amours ?

mercredi, octobre 25, 2006

Plaisir d'amour


Le poète-parolier est souvent un grand sage.
Il parle parfois plus fort que notre cœur, plus haut que notre raison.
Chaque mot est à délecter, certes, mais aussi à soupeser.
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment ?
Vue l’époque de la composition de cette complainte,
on peut se garder de toute interprétation ‘sensuelle’ de la brièveté de ce plaisir.


J’y entends plutôt comme un écho au Don Juan de Molière qui déclare
‘Les inclinations naissantes ont des charmes incomparables’.
Il est vrai qu’il existe une tentation de les multiplier, au risque de faire du sur-place comme Phil dans le film ‘Un jour sans fin’. Même à l’âge mûr, certaines personnes n’ont pas choisi de faire (et non laisser) mûrir leur affectivité et ils vont d’amours naissantes en amours naissantes. Car le plaisir serait la cerise sur un gâteau que l’on dévorerait trop vite et qui laisserait toujours un goût de trop peu, de trop court. Mais l’amour n’est pas que plaisir.
On fait plaisir à un enfant en le gâtant. On ne le rend pas heureux !

L’enfant se lasse du cadeau et en réclame un nouveau tout beau tout neuf pour renouveler son plaisir. Mais le bonheur, lui, doit assumer le manque, le manque de la cerise du temps des premiers émois. Il est finalement ‘heureux’ que le plaisir ne dure pas toute la vie car il nous cacherait le chemin du bonheur. Celui du plaisir est un 100 mètres sur terrain plat. Celui du bonheur un marathon avec haies multiformes sur terrain vallonné voire accidenté.
A chacun de se situer sur le parcours qu’il désire profondément suivre au long cours.

Le rush multi-partenaires sur les inclinations naissantes ou bien le marathon à deux sur parcours escarpé, mais dont on sait qu’on a toutes les chances qu’il passe ici et là par des bonheurs durables?

Sachant que chagrin d’amour peut durer toute la vie…