lundi, juin 06, 2005

Le courage à deux mains

Qu’il ait perdu son travail, sa mère ou le goût de vivre, après l’avoir écouté à mi-mots, on s’en éloigne en lançant un furtif « Courage » aussi rituel que dérisoire. J’avoue ne pas apprécier ce mot « lave-mains » lorsqu’on l’adresse à autrui. Imaginez Pilate l’adressant à Jésus au moment où il le livre aux juifs après s’en être dédouané par un réel lavage de mains ! Ce mot est aussi navrant que la fuite par des questions décalées (Qu’est-ce que la vérité ? Est-ce que je suis juif, moi ?). Le lave-mains va du faux, au vrai fuyant, pour celui qui n’a justement pas le courage de voir l’autre en face dans sa souffrance qui résonne comme un appel. Parlons donc pour nous-même : quel est le courage qui ME manque ? Les réponses sont pléthore depuis le film « Courage fuyons » d’Yves Robert au livre « Le courage d’avoir peur » de Marie-Dominique Molinié . Courage de regarder en face sa personne avec sa vie en bandoulière, courage d’arrêter le moteur, de retirer la clef de contact, et de faire un auto-bilan, courage de changer sa besace d’épaule parfois, courage de faire machine-arrière et de reconnaître avoir fait fausse route, courage, parfois, d’accepter de repartir à « zéro », courage de tourner une page qui n’est ni toute rose ni toute noire (ce serait trop facile), courage de prendre le risque de se tromper à nouveau, et donc courage de sauter à pieds joints et sans filet dans une nouvelle vie dont on ne sait strictement rien. Nous voilà loin du courage-lave-mains avec ce réel courage-vie-en mains. C’est à son propos que je vous livre cette réflexion pour y accorder (ou désaccorder) vos mots. Rien d’impossible en la matière. J’y suis bien arrivé (ouf !) , alors… courage !