mardi, mars 21, 2006

Tressé gagnant

On peut filer un très bon coton et obtenir une tresse décevante. Difficile ensuite de démêler l’écheveau pour y retrouver chaque point de confusion. Il en va de même de notre affectivité qui tisse en permanence une tresse à trois fils : Notre désir infini d’être aimé pour ce que nous sommes Notre besoin d’aimer et de nous donner Notre sympathie spontanée ou notre admiration naturelle. La première erreur de tissage serait de laisser cette dernière fibre embrasser les deux autres, alors que chacune doit rester autonome et mouvante à volonté. Cette méprise très répandue porte parfois le nom d’une maladie qui « foudroie dans la rue cet inconnu qui passe » ou fait des ravages dans les cœurs des collégiennes médusées « par le charme innocent d’un professeur d’Anglais ». Plus prosaïquement, nous lions sans nous en rendre compte notre admiration, notre appréciation vouée à une personne, avec les deux autres fibres de notre affectivité et cela crée un attachement désordonné. Nous en venons à nous attacher à la personne chez laquelle nous avons reconnu des qualités qui nous séduisent ou nous correspondent sans interroger nos deux autres fibres. De ce fait, on en oublie trop souvent que nous ne sommes pas l’unique humain susceptible d’apprécier cette personne et vice versa. D’où la nécessité de tisser pas à pas, fibre après fibre, chacune restant bien a sa place naturelle. Ce n’est qu’une fois la tresse bien avancée que nous pouvons prendre le recul indispensable pour évaluer la beauté et la justesse de l’œuvre en cours et faire le constat de la conformité du résultat avec le modèle. Il resterait à rappeler que toute la difficulté provient souvent du fait que nous oublions que nous sommes censés tisser cette tresse à deux en synchronie.

1 Comments:

Blogger camisouri said...

Pourquoi, à partir du moment où on commence à confectionner une tresse affective avec quelqu'un, se demanderait-on déjà si on va pouvoir combler l'autre ou si on sera comblé par lui ?
nul des deux qui se sont attelés à ce bel ouvrage ne peut le savoir au départ de toute façon .
il me semble que ce n'est que au fur et à mesure du tissage de la tresse que l'on s'aperçoit si la fibre "désir d'être aimé" de l'un épouse bien les courbes de celle "besoin d'aimer " de l'autre, et vice versa ,de telle sorte qu'il y ait vraiment communication d'amour .

D'autre part, il me semble que la fibre "admiration" est une composante nécessaire aussi de cette tresse .
Non pas tant admiration de possibilités intellectuelles ou de dons que l'autre aurait, mais admiration de ses qualités humaines et morales qui nous touchent particulièrement .
Si cette fibre d'admiration n'emprisonne pas les deux autres fibres, si elle n'est pas prépondérante par rapport à elles, pourquoi provoquerait -elle un attachement désordonné ?
Je me pose la question après avoir lu le texte ..

Il me reste une autre qquestion : que veux -tu dire , Jeanmarime, par "achèvement " de la tresse ?

Enfin il me semble que les deux qui tissent la tresse sont un peu "obligés" de travailler en synchronie ..... ou alors ce ne sera plus du tout une tresse mais un enchevêtrement de fibres, sans ordre,sans forme.
C'est là que me vient la pensée que pour réellement tisser une relation (tresse) affective, en plus des penchants ou attirance "électriques" un peu incontrôlables ( mais charmants) entre les fibres des deux personnes, la volonté est aussi en jeu , ça ne se fait pas ou du moins ça ne se poursuit pas dans le hasard et le désordre .

9:29 PM  

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