mardi, mars 14, 2006

Beaux chapeaux de roues

On dit volontiers ‘Tout beau tout neuf » sans réaliser que nous présupposons que la nouveauté possède en soi des atouts privilégiés. Ce qui s’applique à un chapeau s’applique également à l’intérêt que nous portons à un livre, à un film, mais aussi à une relation. Molière ne nous rappelle-t-il pas dans son Don Juan que « Les inclinations naissantes ont des charmes incomparables » ? Si le Don Giovanni de Mozart débute et insiste sur la comptabilité des conquêtes, celui de Molière cerne bien le syndrome « donjuanesque » qui consiste à jouir du jeu de la séduction et des premiers émois. Ce qui nous charme dans la nouveauté est justement qu’elle s’amorce bien souvent sur les chapeaux de roues pour atteindre ensuite son allure de croisière. De cet « acquis » peut naître la nostalgie du charme incomparable de l’inclination naissante. Les frissons de la conquête et l’impatience de la découverte ne sont plus le moteur premier et les roues menacent de s’enliser dans le déjà-là de la routine et dans le jamais-plus des débuts passionnels. Avoir conscience des règles et des risques du parcours peut nous aider à ne pas nous exposer aux sorties de piste douloureuses pour soi-même et pour autrui. Mais rien nous empêche de conduire notre vie tambour battant du premier au dernier tour de piste en bichonnant nos chapeaux de roues. Qui veut aimer longtemps ménage son allure.

1 Comments:

Blogger camisouri said...

Je préfère, en tant que femme, ne pas m'étendre sur le problème du syndrome Donjuanesque chez la gent masculine.....

Mais, c' est vrai, je crois que la capacité ou non d'amener une relation à sa vitesse de croisière montre si celle-ci était ou non basée uniquement sur le mode de la conquête et de la séduction .

Ceci dit, cette histoire de chapeaux de roue me fait imaginer une autre histoire de "roues" .
Prenons par exemple 2 cyclistes qui partent à fond sur un chemin plat , ou légèrement descendant.
ils sont grisés par la vitesse et ont l'impression que le fait de ralentir leur ferait perdre le charme et l'intérêt de leur course.
La première montée, ils vont la franchir sans trop de problèmes, grâce à leur élan ; mais quand se présentera la deuxième, ou mieux encore le faux-plat montant, qu'adviendra-t-il ?
Peut-être déjà dans la descente, ils auront emmêlé leurs roues et auront fait une "belle" sortie de piste , avec ce que cela comporte comme blessures.
Ou bien, dans le faux plat, peut être l'un partira devant, et l'autre s'arrêtera, découragé, se disant " finalement, je ne connaissais pas si bien que ça mon partenaire de course "...
Tandis que si les deux cyclistes ont pris le temps de ralentir (ou si l'un, plus sage, a motivé l'autre à prendre ce temps là ), et d'accorder leur vitesse, ils vont continuer à avancer, les deux se faisant mutuellement cadeau de leurs richesses respectives et se motivant à aller de l'avant dans la découverte du morceau de route suivant,et ceci , au travers des ombres et des lumières, sans fusion ni distance séparatrice.

voilà ma petite histoire (idéale ou idéaliste, je ne sais ) que je me suis inventée , inspirée par celle des "chapeaux de roue" à bichonner....

6:45 PM  

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