lundi, octobre 11, 2021

Je vais essayer de vous dire humblement deux ou trois choses de l’humilité.


Cette vertu est la perle rare de la majorité des spiritualités. Il ne s’agit donc pas d’une aptitude psychologique, mais d’une certaine ascèse spirituelle.



Cette vertu se comprend particulièrement bien par l’exemple. Alors citons Mircea Eliade qui l’illustre dans son livre Patañjali et le Yoga. Après nous avoir rappelé que le disciple et le maître doivent se considérer chacun comme égaux l’un à l’autre et s’assoir tous deux à même le sol, cet historien des religions nous donne une illustration de l’humilité : si le disciple humble, s’apprête à croiser un passant sur un chemin sur lequel une flaque d’eau ne permet de passer qu’à un, celui-ci doit marcher dans la flaque d’eau pour éviter au passant venant d’en face de s’y mouiller les pieds.

Dans le mode de pensé occidental, chacun aime au contraire s’élever, se croire et se montrer le plus grand. Lorsque l’on invite Jésus à se prononcer sur le sujet, il répond que celui qui veut être le plus grand doit se faire le serviteur de toute. Par conséquent, on peut conclure que l’humilité engendre une certaine grandeur d’âme.

Il existe une blague sur l’humilité dans laquelle une personne se rend en un lieu sacré et se frappant poitrine, à genoux, remerciant Dieu de l’avoir créé le plus humble des hommes. Celui qui se croit humble peut donc facilement se glisser dans la peau d’une caricature d’humilité. Un aphorisme dit précisément « “Trop d'humilité est demi-orgueil.”.

Bien plus encore, le véritable humble n’a même pas conscience de son humilité. Relisons Gandhi qui nous disait : « Cultiver l'humilité revient à cultiver l'hypocrisie. L'humble n'a pas conscience de son humilité ».

Le chemin de l’humilité passe par la véritable connaissance de soi et de ses limites. Mère Térésa, bien avant d’être reconnue comme l’humble sainte que l’on connait, n’hésitait pas à dire : « Se connaître nous fait plier le genou, posture indispensable à l'amour. Car la connaissance de Dieu engendre l'amour, et la connaissance de soi engendre l'humilité».

Nous pouvons clore cette page en citant le philosophe Friedrich Nietzsche qui déclarait, non sans une once d’humour : « Le ver se recroqueville quand on marche dessus. C'est plein de sagesse. Par là il amoindrit la chance de se faire de nouveau marcher dessus. Dans le langage de la morale, cela s’appelle l'humilité.

Concluons donc avec lui qu’à quelque chose humilité est bonne…pour nous-même !

Et encore par une question pratique pour chacune et chacun :

M’est-il facile de rire de moi-même ?

Si c’est le cas, alors je suis sur la bonne voie : celle de l’humilité qui s’ignore !

mercredi, octobre 06, 2021

Tout ça pour ça

 



Il s’agit du titre d’un film de Claude Lelouchx

Ce film sur les relations adultérines fait référence au ça freudien, terme qui complète le moi et le surmoi, le ça désignant la troisième instance de notre personnalité, à savoir notre pôle pulsionnel, bien souvent réduit chez le père de la psychanalyse à nos pulsions sexuelles.



 Cependant nous pourrons rattacher ce terme à un autre ça aussi appelé cela, celui de l’Hindouisme.

Ce terme apparait souvent, en sanscrit, dans les Upanishades du Yoga. Pour le comprendre, je vous citerai ce célèbre dialogue datant de 3000 ans entre entre Krishna et son charretier Arjuna.

Lors d’un de leurs échanges initiatiques, Arjuna demande à Krishna ce qu’ll est. Alors Krishna l’emmène au bord de l’océa net sort de sa sacoche un grain de sel. Il le montre à Arjuna et le plonge dans l’océan. Le grain de sel s’y dilue aussitôt. A ce moment précis, Krishna donne la réponse à Arjuna  : Tu es cela !

Cette formule deviendra un mantra en sanscrit Tat Tvam Asi. Il signifie que chacun incarne l’Etre suprême dont le mantra est OM, comme le grain de sel est l’océan, mais perd sa personnalité individuelle qui devient une illusion en se plongeant dans l’océan de la divinité.

 Nous voilà donc avec deux ça : celui du bas ventre et celui de l’esprit, autrement dit celui du 7ême chakra appelé Couronne, source d’énergie planant à la cime de notre tête étant censé nous mettre en connexion avec l'univers entier et le monde de l' Au-delà.

 A chacun son ça me direz-vous. Et vous aurez bien raison car je n’ai parlé que de ça et pour ça ! Même si je ne crois plus à tout ça...

 Namasté !

 

https://ohmybuddha.fr/yoga/quest-ce-que-tatvamasi/

Tat Tvam Asi (Sanskrit: तत् त्वम् असि ou तत्त्वमसि) est un mantra sanskrit de la tradition Advaita, généralement traduit par «Je suis cela» ou «Tu es cela». C'est l'un des quatre principaux Mahavakyas, ou «grandes paroles» de l'ancien texte hindou, les Upanishads. Tat Tvam Asi est utilisé dans la philosophie hindoue et du yoga pour désigner l'unité d'Atman (le soi ou l'âme individuelle) avec Brahman (conscience universelle ou l'Absolu).

La traduction directe de ce terme découle de trois racines sanscrites:

Tat ce qui signifie que".

Tvam signifiant "vous".

Asi signifiant "vous étiez".

lundi, octobre 04, 2021

Plaisir d’amour

Le poète-parolier est souvent un grand sage.

Il parle parfois plus fort que notre cœur, plus haut que notre raison.



Chaque mot est à délecter, certes, mais aussi à soupeser.

Avez-vous entendu la chanson? 

Plaisir d’amour ne dure qu’un moment ?

Vue l’époque de la composition de cette complainte,

on peut se garder de toute interprétation ‘sensuelle’ de la brièveté de ce plaisir.

J’y entends plutôt comme un écho au Don Juan de Molière qui déclare ‘Les inclinations naissantes ont des charmes incomparables’.

Il est vrai qu’il existe une tentation de les multiplier, au risque de faire du sur-place comme Phil dans le film ‘Un jour sans fin’. Même à l’âge mûr, certaines personnes n’ont pas choisi de faire (et non de laisser) mûrir leur affectivité et elles vont d’amours naissantes en amours naissantes. Car le plaisir serait la cerise sur un gâteau que l’on dévorerait trop vite et qui laisserait toujours un goût de trop peu, de trop court. Mais l’amour n’est pas que plaisir.


On fait plaisir à un enfant en le gâtant. On ne le rend pas heureux !

L’enfant se lasse du cadeau et en réclame un nouveau tout beau tout neuf pour renouveler son plaisir. Mais le bonheur, lui, doit assumer le manque, le manque de la cerise du temps des premiers émois. Il est finalement ‘heureux’ que le plaisir ne dure pas toute la vie car il nous cacherait le chemin du bonheur. Celui du plaisir est un 100 mètres sur terrain plat. Celui du bonheur un long marathon avec haies multiformes sur terrain vallonné voire accidenté.

A chacun de se situer sur le parcours qu’il désire profondément suivre au long cours.

Le rush multi partenaires sur les inclinations naissantes ou bien le marathon à deux sur parcours escarpé, mais dont on sait qu’on a toutes les chances qu’il nous conduise ici et là sur des sentiers de bonheurs durables ?

Etant cependant avertis que chagrin d’amour peut durer toute la vie…

lundi, septembre 06, 2021

 

Tolérance et différence

On lit souvent, ici et là, que face à la différence, il faut répondre par la tolérance.

Cette vision me semble étriquée, voire pernicieuse.

Elle reflète, en effet, que je suis supérieur à celui que je regarde avec une condescendance mal déguisée en pseudo bienveillance. Quand on parlait de tolérance à Sacha Guitry, il répliquait : « Tolérance ? Mais il y a des maisons pour cela : ». Comme quoi tout le monde ne se chauffe pas du même bois dans ces maisons-là.

Ici, je parle de notre maison commune : la terre. J’avoue m’y sentir très intolérant face aux différences entre les humains. Je suis plutôt enclin à aimer la différence qu’à la tolérer, car elle constitue notre richesse. Aimer la différence, c’est aimer l’autre qui est différent au lieu de le tolérer car on glisse sans le ressentir de la tolérance à l’indifférence. Une consonance mène d’ailleurs de l’une à l’autre.

On glisse difficilement de la tolérance à la bienveillance, qui à la disposition à souhaiter le bien de l’autre. L’une des façons de dire Je t’aime en italien se prononce Ti volo bene : Je te veux du bien.

La bienveillance serait donc non par la tolérance, mais une forme d’amour universel. Agapè disait-on.

Cette vision rejoint celle de l’encyclique Fratelli tutti du pape François : Tous frères.

Bonne lecture bienveillante et non seulement tolérante.

vendredi, octobre 02, 2020

Vers les philos-sociaux

 Laurent Gerra appelle Facebook, Tweeter et autre Instagram des réseaux de cas sociaux.

Je ne puis que confirmer en constatant que les mêmes canulars stupides y circulent depuis une époque antérieure à ces réseaux sociaux. L’humain ne sait plus que relayer des alertes factices,  de l’infox sentant le roussi ou la contrefaçon. 99% de ce qui circule sur ces réseaux ne manifestent qu’une seule réalité : les hommes du XXIème siècle ne savent plus penser par eux-mêmes.


Tout cela me ramène à mes cours de philosophie de terminale. Notre professeur (pas encore professeure) s’était mise dans la tête qu’elle parviendrait à nous apprendre à penser par nous-même (elle n’était pas férue de science-fiction,  soyez rassurés). SI nous lui avions « sorti » l’un de ces « messages » circulant sur les réseaux du net, elle se serait écriée : « Ouvrez vite les fenêtres, votre naïveté me fait étouffer » ou encore « Quand cesserez-vous de m’envoyer à la figure vos balançoires en guimauve ? ». Elle nous invitait à débusquer la vérité, la réalité des choses, avec un fusil à tirer dans les coins.  La méthode préconisée renvoyait à Platon : tout décortiquer comme on décortique un poulet ou un lapin, en respectant les articulations naturelles pour comprendre leur fonctionnement et élaborer notre propre « montage » logique de la problématique sans rien forcer artificiellement. Ensuite il fallait suivre le conseil de Nietzsche et ruminer la question longuement en se demandant : « Par où est-ce que ça mord ? » ? Où suis-je rejoint et touché en profondeur ici et maintenant par le nerf de cette problématique ?

Philosopher se révèlerait comme un art plus proche de la cuisine que de la rhétorique.  Tout l’inverse du copier-coller ambiant. Telle un antidote à la tentation de l’art-peu près de nos réseaux finalement ni sociaux ni spéciaux, vu que tout le monde se fond dans leur moule en guimauve préformatée.

lundi, septembre 28, 2009

Apologie des verres progressifs


Les nouvelles lunettes à verres sans monture sont aussi élégantes que dangereuses, parce que les verres se font oublier. Du moins remarque t-on à peine celle des autres, tout juste si elles sont un tant soit peu de travers, mais les nôtres, nous les oublions bien volontiers tant qu’elles sont translucides à souhait. Dans le vie, chacun regarde autrui non seulement de sa fenêtre, mais avec ce genre de lunettes. Aucune vision n’est semblable à celle du bébé qui accueille sans pré-jugé ni pré-vision ce qui se présente à ses yeux. Pour lui, tout est neuf et naturellement beau. A chacun de prendre conscience de type de verres qu’il porte et lui font voir le monde avec des filtres plus ou moins gris ou plus ou moins roses… A chacun de désirer, ou non, de régénérer l’innocence et l’émerveillement de son regard, de faire le pari de voir le meilleur en chaque chose, en chaque personne, voire en chaque événement. Cela n’est pas réalisable le temps d’un changement de lunettes, aussi faut-il donner sa préférence à des verres progressifs. L’orthoptie permet de rénover son regard, de rajeunir ses yeux. Appliquons-nous l’orthoptie du cœur et de l’esprit, avec les verres progressifs de la bienveillance et de la compassion.

vendredi, juin 22, 2007

Du bon usage de la machine de Pascal


Pascal est célèbre pour deux choses : sa pensée sur le cœur et la raison ainsi que pour sa fameuse machine à calculer. Mais qui se souvient de ce qui équilibre la dualité du cœur et de la raison ? Précisément… la machine ! ! ! Le lecteur lambda y déchiffre premièrement l’habitude mais à y regarder de plus près je parlerais plutôt… d’habitus. Nuance de taille car l’habitude est subie, passive voire négative. L’habitus que je lis derrière cette ‘machine’ est une disposition positive, un engagement au quotidien, une résolution incarnée dans nos pensées, nos paroles, nos gestes et nos actions.A chacun de vivre cette ‘machine’ d’une façon ou de l’autre. Pour ma part je m’estime acteur de ma destinée donc de mon quotidien. Guy Gilbert recommande par exemple de prendre ce bon ‘pli’ qui consiste à embrasser ses enfants chaque matin avant de se séparer d’eux. Cet habitus serait d’ailleurs la meilleure forme de prévention de la délinquance et du suicide selon ce prêtre éducateur. Comme dans la plupart des actes de notre vie, chacun est invité à trouver son équilibre ‘machinal’ entre l’habitude (de semer de ‘je t’aime’ par exemple) et l’habitus, de vivre et dire son amour en vérité et sans retenue. Dans les deux cas, cela suppose prendre conscience de ce qui nous guide au delà du cœur et de la raison. Pour, au final, prendre se vie à bras le corps.

Le 'non' de l’arrosé

On retiendra du roman et du film ‘Le nom de la rose’ que demeurerait occulté un tabou de l’époque médiévale chrétienne : un anathème tacite jeté sur le rire. On est bien loin de François Rabelais selon qui le rire serait le propre de l’homme. Sale histoire que celle de ce film qui n’est en rien à l’eau de rose. Laissons aux historiens le loisir de chercher des sources authentiques aux allégations romanesques d’Umberto Eco et attardons-nous sur la réelle question qu’il soulève : "Peut-on rire de tout", c’est à dire de toutes et de tous également ? Certains humoristes s’y sont essayé avec plus ou moins d’élégance : avec Devos ça glisse avec finesse, avec Desproges ça irrite, ça gratte et ça écaille parfois. Les caricatures de Mahomet et des talibans ont mis à jour (et à feu) des allergies corporatistes immanquablement taxées d’intégrisme. Alors,sans rire je vous pose la question à mon tour : peut-on rire de tout ?