mercredi, juin 15, 2005

Le prix de la lucidité

Dans l’allégorie de la caverne, Platon nous dépeint comme prisonniers dans la caverne des reflets de la réalité. Un peu comme nous qui passons tout notre temps sur cette lucarne pour lorgner sites, blogs et contacts sans épaisseur. Ne sommes-nous pas aux antipodes du jardin que Voltaire nous invite candidement à cultiver ? Au sortir de la caverne, la lumière éblouit les prisonniers aventureux épris de vérité et de tangible. Cet éblouissement n’est-il pas ce que nous redoutons et ce qui nous maintient mains liées à la souris et à la poignée de la fenêtre de notre messagerie ? Ce papillonnage ne nous détourne-t-il pas également de notre jardin intérieur ? Il est parfois trop évident que se regarder en face avec lucidité et apprécier de la même façon ceux que nous rencontrons sur la terre ferme nous fait courir le risque d’un désenchantement qui confine plus à la répulsion qu’à l’éblouissement. Y voir clair en soi et en l’autre a un prix. Et qui a regardé la lumière en face est pris pour un illuminé par ceux qui se cramponnent à leur caverne. En retour, cette lumière projetée sur leurs ombres en révèle tous les travers jusqu’alors occultés. Il faut posséder une personnalité profondément enracinée pour ne succomber ni à l’auto dépréciation ni à une fatale désillusion de la part des autres. Les solitaires, comme les suicidaires, sont souvent celles et ceux qui jaugent tout au travers de cette lumière qui les fait passer pour aveugles aux yeux des vrais aveugles. Aussi, nous le rappelle Platon, celui qui a vu la lumière doit accepter de retourner dans la caverne, tout ébloui ou émerveillé qu’il puisse être, pour témoigner de la lumière au lieu de se lamenter que tous n’y baignent pas déjà ou de se complaire d’appartenir enfin au clan des libérés qui, du reste, risque de se retrouver prisonniers du cercle des "bienheureux", ou prisonnier de son extase. Quelle est ma caverne ? Comment nommer la lumière qui m’attire, me bouscule ou me fait peur ? Qu’est-ce que je partage du peu ou prou de la lumière déjà reçue ? Où en es mon désir de lumière toute habitante et toute partagée ? A la bougie de notre cellule ou sous les néons de notre bureau, laissons les mots nous guider en cordée, telles les torches de ces humains en pleine ascension dans l’allégorie de Platon.

Que la lumière fuse. En nous et de nous.

2 Comments:

Blogger myrabelle said...

Etre lucide, c'est regarder la vie en face en ayant confiance en soi et en n'ayant plus peur du regard des autres !

2:29 PM  
Blogger Isabelle said...

L’époque actuelle avec ses avancées technologiques phénoménales (chaque foyer ou presque possède son PC) n’est plus propice à la rencontre des êtres humains.
Certes, nous pouvons parler avec nos voisins français ou avec ceux d’outre-atlantique mais savons-nous qui habite à côté de chez nous ?

Nous ne savons plus ce que c’est de vivre ensemble. Nous rentrons le soir dans nos foyers et nous restons seuls devant notre petite lucarne.

Il n’est pas si vieux le temps où nous n’avions même pas la télévision. A cette époque, les gens vivaient ensemble, s’amusaient ensemble et se connaissaient. Les relations étaient importantes.

Internet fausse la perception de la réalité, dans le sens où nous perdons la sensation tactile. Nous avons facilement tendance à oublier que derrière les pseudonymes se cachent des personnes de chair et de sang.

Revenons à notre sujet qui était d’aller à la rencontre des autres et témoigner mais témoigner de quoi ?

Une des choses dont j’ai envie de témoigner, c’est que je suis bien dans ma peau et cela, je me passe de mots pour le dire. C’est dans ma façon d’être que je préfère témoigner de ceci. Ce que les autres pensent de moi ? Si cela vient d’une personne que j’apprécie, cela me touchera si elle pense du mal de moi. Si elle pense du bien, à l’inverse, cela me fera plaisir. Si, par contre, quelqu’un que je n’apprécie pas pense du mal de moi, je m’en fiche complètement. Penser du bien, dans ce cas, n’arrive jamais… Il faut préciser aussi que, dans ces cas de figure, l’aversion est souvent réciproque.

Il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte et qui font que j’apprécie vraiment quelqu’un. Cela tient au système des valeurs qu’on m’a enseignées depuis mon enfance.
Tout d’abord, il y a le fait d’être courageux et travailleur. Vivant dans une famille où tout le monde a travaillé toute sa vie, je ne peux qu’apprécier ce genre de qualité.

Ensuite, étant une personne gentille, j’apprécie de la gentillesse en retour. Cela me semble évident.

Les personnes ayant vécu plusieurs moments difficiles dans leur passé professionnel sont parfois très méfiantes à l’égard des nouveaux gravitant dans leur entourage. C’est normal, elles ne nous connaissent pas. J’ai trouvé émouvant de constater, qu’à force de patience et de douceur, elles ont appris à me connaître et elles ont changé.

Il faut laisser parler son cœur. On a toujours tendance à dire que ce n’est pas bien, qu’on ne doit pas. Et pourquoi ne le pourrions-nous pas ? Où est le mal ?

Faisant également partie du témoignage que je veux apporter : l’Amour. Je ne parle pas d’amour physique, cet amour là est passager. Je parle de cet Amour qui nous fait dire de si belles choses, celui qui nous fait voir le meilleur de nous-même. Celui qui exacerbe le meilleur en l’autre.

Ce qu’il faut pour cela, c’est apprendre à regarder, observer les gens autour de soi et faire preuve de patience, de douceur, de détermination et d’être attentionné envers les autres et envers soi-même.

Je pense du fond du cœur que si chacun d’entre nous arrivait à penser de quelqu’un d’autre qu’il est important pour nous et qu’il compte à nos yeux, la vie serait beaucoup plus agréable. N’est-ce pas le principe même de la solidarité ? Réfléchissez-y ?

7:34 PM  

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